France
Un conte spirituel et féérique sur la guerre civile et le Liban des années 50
Sélectionné à la Semaine de la critique cannoise en 2020, Sous le ciel d'Alice est un film autobiographique, anticonformisme, et enthousiasmant.
Le premier long métrage de Chloé Mazlo est dédié à ses origines libanaises. Un film aux formes multiples qui reflète l’identité plurielle du Liban. La mise en scène de Chloé Mazlo renoue avec l’artisanat du cinéma avec des inventions bricolées, créatives et esthétiques. On pense à Michel Gondry. Des photos font office de décor, l’animation s’invite, le jeu minimaliste des acteurs donnent un ton libre et aérien au Ciel d’Alice. L'esthétique rétro et les couleurs pastel parachèvent ce qui a tout d’un conte.et renvoient à Alice au pays des merveilles. Comme dans le conte, l’histoire est narrée de son point de vue. Le film est sa vision du monde, avec plus de profondeur qu’il n’y paraît. A l'instar du récit de Lewis Carroll. Comme chez Carroll, les merveilles sont rattrapées par le réel. A l’image de la Reine de cœur qui décapite ses contradicteurs dans le conte, c’est la guerre qui s’acharne sur les libanais, sous des arguments fallacieux.
Mais le film n'est pas pour autant politique, Chloé Mazlo peint le portrait d’une famille prise dans la tourmente. Elle filme le destin d’un peuple pluriel qui résiste, grâce à sa force intérieure. L’image est tout en douceur, alors que sévissent la guerre, les attentats, les perquisitions. Le fossé entre le contexte guerrier et sa représentation sucrée créé un climat surréaliste.
Sylvie