Dès les pages de garde, on entre dans une forêt dans laquelle deux enfants, qui s'ennuient parce que leur chien a disparu, vont eux-mêmes jouer à se cacher, se chercher, se perdre, et, enfin, se retrouver tous les trois réunis. Le jeu avec la peur devient une angoisse grandissante qui se résoudra dans le bonheur complice des retrouvailles. Le lecteur, ou plusieurs lecteurs ensemble, sont, eux aussi, invités à jouer. Dans le dessin des futaies et de l'entrelacs des branches des arbres, se cachent des objets et créatures dont la liste est donnée à la fin de l'album. Ces étranges présences, triviales ou incongrues – chapeau ou trompe d'éléphant, boîtes de conserve ou visages – rassurent-elles ou ajoutent-elles au mystère ? L'art d'Anthony Browne, maître des atmosphères subtilement oppressantes, du quotidien transfiguré, de l'arrêt sur image, des narrations qui mêlent références multiples et évidence, est ici remarquablement déployé dans un dispositif ludique impliquant l'auteur, son monde, et les lecteurs, ravis