Une cabane, refuge absolu et secret. C'est là que se déroule cet addictif roman matrilinéaire entre passé et présent. Rose-Aimée est née en 1946 dans une bourgeoisie rigide et jette sa gourme dans les folles années 1968/70. Mais l'homme qui l'accompagne n'est pas le bon, et surtout pas celui qu'elle veut pour leurs enfants. La toute jeune mère prend la fuite avec son aînée, Consolata, et ses deux jumeaux à naître. Plus tard, parce que Rose-Aimée a pris un risque démesuré face à ce père dangereux, la fuite reprendra, séparant cette fois tous les membres de cette famille. Seul point d'ancrage de la fratrie orpheline : la cabane cachée au bord d'un lac que Rose-Aimée a achetée pour elle et ses enfants, en prévision... Encore bien plus tard, c'est dans cette cabane que Consolata, devenue Titiana la romancière, fait pour la première fois le récit de toute son histoire familiale à sa fille Nine, adolescente. La nuit entière y suffira à peine et charpente le roman, nuit qui suit la mort du père fui et qui précède les retrouvailles de ces quatre qui le fuyaient. Pourtant, à l'instant de cette rencontre, en cette aube grandiose, Anne-Laure Bondoux focalise toute sa conclusion sur Nine - et sa fonction de récit cadre -, adolescente qui s'essaye à la fuite elle aussi, mais une fuite d'émotion plus que de révolte. Par cette fuite, Anne-Laure Bondoux nous prive de la rencontre avec Rose-Aimée et avec les deux frères de Titiana. Pour rester du côté de l'adolescence avec Nine ? Ou pour nous dire que leur histoire, si bien racontée par Titiana doit nous suffire, pirouette complice entre l'écrivaine et son double ? Mettant pour la première fois en scène une romancière, Bondoux nous offre une captivante et attachante randonnée dans plus d'un demi-siècle de vie française, assez romanesque pour que s'y glisse la généalogie d'une écrivaine solidement accompagnée de seconds rôles magnifiques.